mardi 20 mai 2014

Et si on arrêtait de subventionner les éoliennes terrestres

Le Point.fr- Publié le 08/05/2014 à 09:28- Modifié le 08/05/2014 à 17:45 Par SOPHIE COIGNARD

Ces engins produisent peu de vent, coûtent cher à la collectivité et rapportent - trop - gros à leurs promoteurs. C'est un organisme officiel qui le dit.

Et le gagnant est... Ce mercredi 7 mai, Ségolène Royal a annoncé que le consortium GDF Areva remportait l'appel d'offres pour la construction de deux parcs d'éoliennes en mer, au large du Tréport et de Noirmoutier. Elle en a profité pour promettre que la filière éolienne créerait à elle seule 10 000 emplois.


C'est une bonne nouvelle, qui serait encore meilleure si, dans le même mouvement, la ministre de l'Énergie décidait de changer les règles du jeu pour les éoliennes terrestres. Celles-ci coûtent entre 25 et 30 % moins cher à l'installation qu'en mer, mais elles produisent deux fois moins d'électricité et doivent être relayées notamment par des centrales thermiques polluantes. Pourtant, le Grenelle de l'environnement a fixé pour 2020 un objectif de 8 000 nouveaux appareils, dont moins du quart seulement au large des côtes.


C'est fâcheux. Parce que les promoteurs éoliens réalisent des profits parfois mirobolants sur le dos de la collectivité. Outre la détérioration du paysage, qui est un bien public pour lequel ils ne paient pas un centime, ils sont subventionnés par chaque abonné à EDF - sur votre facture, c'est la ligne CSPE, pour contribution au service public d'électricité. L'entreprise publique est en effet tenue de leur acheter l'électricité qu'ils produisent à un tarif garanti, lequel a été plusieurs fois révisé, mais reste scandaleusement avantageux.
 

50 % de rentabilité !


C'est la Commission de régulation de l'énergie (CRE) qui l'écrit dans un rapport publié il y a quelques jours. Après avoir étudié le fonctionnement de 39 parcs éoliens mis en service entre 2007 et 2012, elle observe que certains d'entre eux affichent des taux de profit après impôts allant jusqu'à 50 %. Malgré le langage mesuré d'usage dans ce genre de document, la CRE parle de rentabilité "excessive".
 

Et quand le parc est amorti, c'est encore plus juteux. Le prix garanti est calculé pour des installations qui durent théoriquement 15 ans, mais qui en réalité fonctionnent encore au bout de 20 ou 25 ans. 

Hasard du calendrier, mercredi 7 mai, juste avant l'annonce de Ségolène Royal, un rapporteur du Conseil d'État, saisi par la plainte d'une association anti-éolienne, recommandait de supprimer ce tarif bonifié, estimant qu'il représente une aide illégale de l'État. Décision dans deux ou trois semaines. Mais si cet avis est suivi, le gouvernement risque de préparer sans tarder un nouveau décret, conforme aux textes européens. Il reste à espérer qu'il prendra le temps de faire les comptes...
 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire