mercredi 4 juin 2014

Pesticides : les enfants en première ligne

Le Point.fr- Publié le 29/04/2014 à 20:01- Modifié le 30/04/2014 à 06:29 SOURCE 6MEDIAS

L'association Générations futures a fait analyser les cheveux d'une trentaine d'enfants vivant dans des zones agricoles. Les résultats sont édifiants.

C'est désormais une certitude : les agriculteurs ne sont pas les seuls à pâtir des pesticides qu'ils manipulent. Leurs proches, et en particulier leurs enfants, sont également concernés. C'est ce que révèle une enquête Générations futures relayée par France Info.

L'association environnementale a fait analyser les mèches de cheveux d'une trentaine d'enfants âgés de 3 à 10 ans qui vivent ou vont à l'école à proximité d'une zone agricole où sont pulvérisés des pesticides. Le constat est sans appel : un véritable cocktail chimique d'une vingtaine de résidus différents de pesticides perturbateurs endocriniens est retrouvé sur chaque enfant.

Et pour cause, les enfants sont particulièrement sensibles à ces résidus de produits perturbant le système hormonal, appelés perturbateurs endocriniens, qui ont la caractéristique d'affecter les organismes à des doses très faibles, en particulier lors de périodes-clés du développement (stade foetal, petite enfance).

Treize substances interdites dans l'agriculture

Mais les perturbateurs endocriniens détectés ne sont pas seulement issus de l'agriculture. Ainsi du Fipronil, interdit pour les cultures mais encore largement utilisé dans les colliers ou les lotions anti-puces des chiens et des chats. C'est le cas également des insecticides domestiques comme les diffuseurs anti-moustiques ou les produits traitant les rosiers contre les pucerons.

L'alimentation constitue également une autre source de contamination quand elle n'est pas bio. Au total, treize substances interdites dans l'agriculture ont été retrouvées dans les cheveux de ces enfants. En interférant avec les glandes endocrines sécrétant les hormones, les perturbateurs endocriniens sont soupçonnés d'agir sur la fertilité, la croissance, le comportement et d'être à l'origine de certains cancers.

Un plan d'action national

Leur encadrement fait l'objet d'intenses débats réglementaires aux niveaux français et européen. La ministre de l'Écologie Ségolène Royal a présenté ce mardi une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE) visant à "protéger davantage la santé des Français et mieux anticiper les risques". À l'échelon européen, le dossier est au point mort depuis plusieurs mois, comme le rappelle Le Monde.

L'Union européenne s'était engagée à donner une définition de ces perturbateurs hormonaux pour la fin 2013, mais elle n'a pour l'instant toujours pas été arrêtée.

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