mardi 28 janvier 2014

Ecologie : le gouvernement Ayrault tout proche de zéro





Coralie SCHAUB 24 janvier 2014 à 20:56, le point.fr

Les promesses de Hollande ne sont pas appliquées, alors que Paris accueille le sommet de l’ONU sur le climat en 2015.

Belles paroles, reculades et procrastination. Voici le résumé de la «politique environnementale» du gouvernement, tant le cap est flou et les deux têtes de l’exécutif peu motivées.

Energie et climat

Après neuf mois de «débat national» sur la transition énergétique censée, dixit François Hollande, «conduire à une société sobre en carbone à l’horizon 2050» et «faire de la France la nation de l’excellence environnementale», le projet de loi du même nom se fait désirer. Promis pour l’été 2013, il l’est désormais pour ce printemps, avec un vote à la fin de l’année, au mieux. Sans doute car l’énergie est un sujet ultra-explosif. Surtout le nucléaire, au cœur de l’accord entre PS et EE-LV de la fin 2011. Où en est la promesse du candidat Hollande de baisser la part de l’atome dans la production d’électricité à 50% d’ici 2025, contre 75% aujourd’hui ? Nulle part. Alors que la vie des centrales pourrait être prolongée de dix ans (à cinquante ans), l’arrêt définitif de celle de Fessenheim (Haut-Rhin) n’est pas prévu avant «fin 2016», pour un «engagement de son démantèlement en 2018-2019». Certes, pour tenir ce calendrier, le gouvernement envisage d’invoquer un motif politique - pour l’instant seuls l’Autorité de sûreté nucléaire et EDF peuvent fermer un réacteur pour raison de sécurité ou d’économie. Mais même en mettant vite Fessenheim à la retraite, il serait difficile d’atteindre la cible des 50%. Car l’EPR de Flamanville (Manche), censé être mis en service fin 2016 après moult retards et surcoûts, sera presque aussi puissant que la vieille centrale alsacienne. Et qu’il faudrait mettre le turbo pour favoriser l’essor des énergies renouvelables, ce qui est tout sauf le cas. A Bruxelles, la France a d’ailleurs œuvré pour que «le paquet énergie-climat pour 2030» ne fixe pas d’objectifs contraignants de développement des énergies renouvelables aux Etats de l’UE. Idem sur les gaz et huiles de schiste : Paris - qui n’a pas pour l’instant renié sa loi de 2011 les interdisant de facto - ne s’est pas battu pour une législation européenne les encadrant. Par ailleurs, le gouvernement défend bec et ongles le projet inutile et énergivore d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Pas ultra-cohérent tout cela, sachant que Paris accueillera en 2015 la prochaine grande conférence sur le climat.

Fiscalité écologique

C’est «le» grand fiasco, aux yeux des écolos. Absence de mesures sur le diesel - pourtant cancérigène avéré - dans le budget 2014. Suspension sine die de l’écotaxe poids lourds, une mesure née du Grenelle de 2007 pour favoriser les modes de transports moins émetteurs de CO2 que la route, qui devait rapporter plus d’un milliard d’euros par an et compenser en partie la baisse des crédits du ministère de l’Ecologie… Seule avancée, et encore : l’instauration dès 2014 d’une contribution climat-énergie (CCE), sorte de taxe carbone revisitée.

Agriculture, pêche, biodiversité

Le projet de loi du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, voté par les députés à la mi-janvier, veut développer l’agro-écologie, un «système de production privilégiant l’autonomie des exploitations agricoles et l’amélioration de leur compétitivité en diminuant la consommation d’énergie, d’eau, d’engrais, de produits phytopharmaceutiques et de médicaments vétérinaires». Plutôt vert, sur le papier. Sauf que le gouvernement a aussi discrètement donné des gages à l’agro-industrie (autorisation des épandages de pesticides par hélicoptères, décret favorisant les mégaporcheries…).
Bien sûr, tout n’est pas anti-écolo. A Bruxelles, la France bataille par exemple pour tenter d’interdire la culture du maïs OGM TC1507 dans l’Union européenne. Mais elle y défend aussi des pratiques aussi controversées que la pêche en eaux profondes. Quant au projet de loi sur la biodiversité, qui sera soumis au Parlement au printemps, il satisfait plutôt les écologistes, même s’ils s’interrogent sur les moyens accordés - ou pas - à la future Agence française pour la biodiversité.
Coralie SCHAUB

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