jeudi 23 janvier 2014

Une ressource délaissée : le bois


Compte tenu de l'importance de sa surface forestière, la France dispose, par rapport à ses voisins européens, d'une incontestable richesse... qu'elle dilapide en l'absence d'un vrai projet forestier. "On ne cesse de se plaindre de ne pas avoir de ressources en matières premières, on en a une sous nos yeux et on la sous-exploite", soulignait le Président de la République, le 19 mai 2009, dans son discours sur la filière bois. 

Néanmoins, notre pays est aujourd'hui incapable de valoriser ce patrimoine, encore moins de le pérenniser, alors que le bois fait partie des enjeux de demain sur les plans économiques et écologiques. 



  • Une demande en résineux non satisfaite

 Le seul recours à la régénération naturelle, dans un contexte d'effondrement des plantations forestières depuis plusieurs décennies, ne permettra pas de faire face aux enjeux d'approvisionnement en bois à partir de 2030. 

La pénurie en résineux frappe déjà d'ailleurs l'hexagone, alors que la filière bois puise actuellement dans les ressources plantées à l'époque du Fonds Forestier National (structure créée en 1947 et supprimée en 1997). Depuis la suppression du FFN, les surfaces exploitées sont souvent restées livrées à elles-mêmes, ne faisant l'objet d'aucun reboisement. Du coup, certaines régions, comme la Bourgogne, savent déjà qu'elles manqueront de bois (Douglas par exemple) d'ici une vingtaine d'années et cherchent à anticiper ce manque à gagner en préconisant des rotations très longues. L’enjeu en vaut-il la chandelle pour des propriétaires forestiers qui risquent fort d'être confrontés au cours des prochaines années à de nouvelles tempêtes et aux changements climatiques ? Un étalement dans le temps qui ne permettra pas pour autant de combler le trou de production annoncé...  



  • Des plantations forestières divisées par 4 en 15 ans


En 15 ans, la quantité de plants forestiers plantés est effectivement passée de 110 millions à 28 millions par an (hors pin maritime). Ainsi, plus de la moitié des ventes de plants forestiers en 2009 (59 millions de plants - Source Cemagref) provient du pin maritime (29 millions de plants vendus), la plantation se substituant au semis pratiqué auparavant. Cette progression des ventes des plants de pin maritime (liée également à l'impact de la tempête de 1999 qui a dévasté le massif aquitain dont la surface de production n'a pas évolué) masque la baisse dramatique des ventes de plants forestiers.
 

Pour dynamiser la filière bois en France, il est donc indispensable d'accroître la production en résineux réclamés par l'industrie, notamment en ce qui concerne le bois d'œuvre.
 


  • Des essences peu valorisables, des générations futures oubliées


Le niveau actuel du reboisement est d'autant plus insuffisant que, sur les 525 000 ha ravagés par la tempête de 1999, seuls 150 000 ha ont été reconstitués. 30 % seulement ont été remis en production ! Et ce malgré l'envergure des subventions reçues de l'Union européenne (915 ME). Cent millions d'euros n'ont même pas été utilisés.



Que sont devenues les surfaces non reconstituées ? Là encore, bien souvent, elles se sont transformées « naturellement » en taillis ou en « fouillis » forestiers, peu exploitables. En témoigne l'exemple de la reconstitution de la forêt de Haguenau, évoquée dans le hors-série Arbres et forêts de Terre Sauvage (Collection nature, automne 2009), réalisé en collaboration avec l'ONF : 80 % de la reconstitution est réalisée avec des essences peu valorisables (cerisier tardif = peste végétale, bouleau = bois énergie...).
  


  • Incohérence avec le Grenelle de l'environnement 




Le Grenelle de l'environnement a mis en valeur l'intérêt du bois comme éco-matériau et la nécessité d'augmenter l'exploitation des ressources forestières françaises. Ainsi, les pouvoirs publics prévoient une augmentation de la récolte en bois de 12 millions de m3 en 2012, soit une hausse de 30 % par rapport au niveau actuel, et de 20 millions de m3 en 2020. Cette évolution doit jouer notamment en faveur du bois énergie mais aussi du bois d'œuvre.

L'utilisation du bois dans la construction doit ainsi être multipliée par dix : ossature, charpente, menuiseries intérieures ou extérieures, revêtements de façade, de sol ou de mur... En France, ce secteur constitue déjà le principal débouché actuel et potentiel du bois et des produits à base de bois (plus de 60 %), taux qui s'élève à près de 80 % pour les résineux dont les caractéristiques (plus légers et meilleure résistance longitudinale) conviennent mieux que le feuillu à la construction. Selon une étude réalisée dans le cadre de la neuvième édition du salon Maison Bois d’Angers, 15 % du marché de la construction en 2015 serait détenu par la maison en bois, soit 30 000 maisons. Ce n'est qu'un début. Néanmoins, les ressources forestières françaises sont d'ores et déjà inadaptées. 90 % des bois utilisés pour la maison à ossature bois proviennent d'Europe du nord.
«Aujourd'hui, on importe pour 3 millions de m3 de sciage de résineux. L'industrie française manque déjà vraisemblablement de 4 à 5 millions de m3 de résineux. On ne les trouvera qu'en faisant des plantations » précise Laurent Denormandie président de la Fédération nationale du bois.

Par ailleurs, il s'agira de faire face à la reprise de l'activité de certains secteurs de l'industrie du bois, actuellement en pleine crise (papeterie, emballage...)

  









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