mercredi 22 janvier 2014

En finir avec quelques idées reçues… 1/2

  • Non, la forêt française n’est pas en croissance
D’après le ministère de l’Agriculture, la forêt française progresse de 40 000 à 80 000 ha par an (selon les différents chiffres donnés sur le site du ministère). Cette approximation ne traduit-elle pas une difficulté à évaluer la masse des friches issues de terres agricoles délaissées, des accrus naturels qui n’ont rien à voir avec une forêt digne de ce nom ? « C’est de la forêt fictive. Elle ne peut pas fournir de bois » observe Vincent Naudet, président du Syndicat des Pépiniéristes forestiers.

En tout état de cause, ces accrus ne seront pas en mesure de fournir du bois de qualité à l’industrie dans les prochaines années, ni même de répondre aux exigences du Grenelle 2 (produire plus de bois et mieux en valoriser les usages).

Le renouvellement des forêts s’effectue soit par plantation, soit par régénération naturelle (à partir des graines d’arbres situés à proximité). Or, le niveau de ventes en plants forestiers est alarmant. Selon le Syndicat des Pépiniéristes forestiers, les 57 millions de plants vendus annuellement (dont 29 millions de pins maritimes en 2009) ne sont même pas suffisants pour reboiser les surfaces exploitées annuellement en coupe rase. Un manque que ne peut combler seule la régénération naturelle, méthode de renouvellement complexe, exigeant une main d’oeuvre qualifiée et du temps pour obtenir une production qualitative, correspondant aux exigences des industriels.

Les professionnels estiment urgent de revenir, au minimum, au niveau des années 90 - soit environ 110 millions de plants annuels (hors pin maritime) - pour assurer la pérennité de la forêt française et le dynamisme de la filière.

  • Non, le budget de la forêt française n’est pas suffisant
 Si le territoire national est essentiellement réparti entre le secteur forestier et le secteur agricole - 30 % sont occupés par les forêts et les bois et 50 % sont consacrés à l’agriculture - il y a pourtant une très grande disparité entre les budgets accordés à ces 2 filières. En effet, sur les 5 milliards d’euros de budget alloué par le ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche, seulement 340 millions sont consacrés à la forêt et au bois (soit 6,8 %). Loin derrière l’agriculture, qui reçoit
10 milliards de crédits européens de la PAC en plus des crédits nationaux agricoles, la filière forêt-bois ne dispose que de 10 millions de crédit annuel, soit 1% !

Résultat : la filière forêt-bois est déficitaire de 5,7 milliards d’euros contrairement à la filière agro-alimentaire, excédentaire de 6 milliards d’euros.

  • Non, la productivité de la forêt française n’est pas optimale
Les industriels du bois n’exploitent que 60 % de la récolte potentielle forestière annuelle. Autrement dit, les 40 % restants ne sont pas mobilisés et risquent de ne jamais l’être. Les raisons en sont multiples.

En premier lieu, le morcellement de la forêt française. 74 % de sa surface dépend de propriétaires privés, d’autant moins motivés par son exploitation que la superficie moyenne de ces espaces est de 3,2 ha. Par ailleurs, de nombreux massifs forestiers se trouvent en zones méditerranéenne et montagneuse, parfois difficilement accessibles.

Pour finir, les essences de la forêt française (78 % de peuplements feuillus ou mixtes) n’ont pas toujours le rapport qualité-prix demandé par le marché.

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