dimanche 26 janvier 2014

L'investissement forestier au service de la nature 2/2

  • La sélection, garante d'une production optimale


Les ressources génétiques locales exploitées en régénération naturelle conservent au cours des générations essentiellement les mêmes qualités que celles des semenciers. « Si elles sont bien adaptées à leur milieu, ces ressources ne sont pas, sous l’angle économique, toujours garantes d’une production optimale tant en quantité qu’en qualité » poursuit Luc Pâques.

Depuis plus de 50 ans, les améliorateurs forestiers ont montré le très grand intérêt d’exploiter par sélection la diversité naturelle des espèces pour améliorer leur niveau de production (quantité - raccourcissement des révolutions) et leur qualité (propriétés du bois, résistance aux maladies…). Il en est de même avec le recours à des essences non autochtones (ex. Douglas, Peupliers américains…). La France dispose de ressources génétiques uniques en Europe mais, faute de moyens, elles ne peuvent être valorisées : des programmes d’amélioration soutenus devraient permettre de créer des variétés adaptées à des besoins variés (résistance mécanique, durabilité naturelle, pouvoir énergétique…).

  • Faire face aux changements climatiques

À partir de 2050, un été sur trois sera caniculaire (source GIEC), menaçant nombre d'essences locales qui n'ont pas les moyens de s'adapter naturellement à ces changements climatiques rapides induits par l'homme.
Le recours à la plantation de variétés améliorées bien adaptées à ces épisodes permet de répondre plus rapidement et efficacement à cette menace.

Comme le rappelle Luc Pâques (Inra), les variétés disponibles actuellement – sélectionnées, pour beaucoup, il y a une trentaine d’années dans des conditions climatiques plus favorables - devront être progressivement renouvelées pour être mieux adaptées aux changements globaux. Les améliorateurs, qui connaissent bien la diversité génétique des espèces et y ont accès à travers leurs collections, travaillent ainsi à la création de nouvelles variétés mieux adaptées. Malgré tout, les crédits consacrés à la recherche forestière sont en chute libre.

« C’est un progrès considérable par rapport au matériel sélectionné constituant les peuplements en âge d’être exploités (et susceptibles d’être régénérés naturellement) » confirme Vincent Naudet. « L’augmentation des températures moyennes et de la fréquence des sécheresses a une incidence grave sur les milieux forestiers.
 
Certaines essences forestières bien adaptées jusqu’à présent dans leur milieu ne sont plus à la bonne place et souffrent gravement du changement climatique. De grandes zones forestières vont être soumises dans un proche avenir à une conversion d’espèces.
Les pépiniéristes forestiers sont conscients de ce problème et sont à l’écoute des services forestiers pour produire les variétés les mieux adaptées à chaque région. »

De même, en témoignent les passages dévastateurs de Lothar (1999) et de Klaus (2009), les grandes tempêtes deviennent de plus en plus fréquentes. Certains prônent de raccourcir les cycles d’exploitation car un peuplement est d’autant plus sensible au vent qu’il est haut. Par ailleurs, moins longtemps on garde le peuplement, plus l’exposition au risque est réduite. Ce qui joue encore en faveur de la plantation, dont le cycle de croissance est plus court que celui de la régénération naturelle. Notamment s'il s'agit de résineux.
 

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